Chapitre 6.2 – Habiter un monde en mouvement: éduquer à la citoyenneté au prisme de la mobilité aérienne
Kassandra L'Heureux et Alexis Legault
Par Alexis Legault et Kassandra L’Heureux
Présentation des auteurs
Il faut alors concilier la double définition de l’homme comme citoyen du monde et comme perpétuel exilé, comme étant à la fois chez soi et étranger dans le monde
(Gérard, 2005, p. 13)
Alexis Legault est étudiant au doctorat en éducation de l’Université du Québec en Outaouais, chargé de cours au Département d’enseignement au préscolaire et primaire de l’Université de Sherbrooke et membre du comité exécutif de la Chaire UNESCO en démocratie, citoyenneté mondiale et éducation transformatoire (DCMÉT). Ses travaux de recherche portent sur l’éducation à l’écocitoyenneté et à la citoyenneté mondiale, les perspectives autochtones et l’apprentissage par les mouvements sociaux.
Kassandra L’Heureux est étudiante au doctorat en éducation et chargée de cours au Département d’enseignement au préscolaire et primaire de l’Université de Sherbrooke. Impliquée dans divers projets de recherche en lien avec la contextualisation, les rapports aux lieux et les pratiques d’enseignement en plein air, elle est également membre du Centre de recherche sur l’enseignement et l’apprentissage (CREA), du Centre de recherche interuniversitaire en didactique (CRIDid) et de la Chaire de recherche sur l’éducation en plein air (CRÉPA).
Introduction
Le monde est actuellement confronté à des bouleversements écologiques sans précédent (Segala et coll., 2025) qui exacerbent les iniquités sociales (Taconet et coll., 2020). Comme ces bouleversements sont le fait d’actions humaines (Jaureguiberry et coll., 2022), ils impliquent une remise en question de nos modes de vie, de consommation et de déplacement (Bédard, 2025). L’éducation contemporaine a alors un rôle à jouer dans l’accompagnement de ces réflexions, spécialement auprès de la jeunesse. Une telle éducation devra nécessairement s’ancrer dans les enjeux socioscientifiques contemporains (Herman et coll., 2020), ce que favorise l’approche culturelle de l’enseignement (ACE), puisqu’elle tient compte des dimensions écologique, sociale, politique et culturelle de ces enjeux. En Occident, la démocratisation du voyage en avion (Gössling et Humpe, 2020; Statista, 2024) et ses impacts écosociaux (Gössling et Humpe, 2020) marquent à plusieurs égards le mode de vie, de consommation et de déplacement d’une partie de la population mondiale. Se pose alors la question suivante : comment peut-on interroger les impératifs écologiques et sociaux liés à la démocratisation du voyage en avion? En mobilisant une ACE, ce chapitre propose d’aborder le phénomène de la démocratisation de l’avion en Occident en tant que creuset réflexif pour enseigner le programme Culture et citoyenneté québécoise (CCQ), à l’école primaire et secondaire, ainsi que le programme Science et technologie (ST), au primaire1. Premièrement, les ancrages didactiques du voyage en avion seront décrits, d’abord pour le cours CCQ, puis pour le cours ST. Deuxièmement, en cohérence avec une ACE, les dimensions culturelles et écologiques du voyage feront l’objet d’une réflexion critique. Troisièmement, le voyage sera défini comme objet d’éducation à la citoyenneté écologique et mondiale. Pour conclure, nous proposerons des pistes d’apprentissage basées sur l’ACE qui permettent de tendre vers les trois visées de l’école québécoise, soit la structuration de l’identité, la construction d’une vision du monde et le développement d’un pouvoir-agir chez les personnes enseignantes et leurs élèves. Ces pistes prennent la forme de pistes pédagogiques permettant de guider une activité de dialogue éthique sur le thème de la démocratisation du voyage en avion.
1. Ancrages didactiques
Qu’il s’agisse des technologies employées pour fabriquer et faire voler les avions ou des questions éthiques entourant l’impact de leur utilisation sur les vivants, les liens entre le programme de CCQ et celui de ST sont nombreux. Cette section vise à expliquer ces liens en détail.
1.1 Ancrages en Culture et citoyenneté québécoise (CCQ)
Le programme de CCQ met de l’avant l’exploration critique et éthique des enjeux écologiques et de justice sociale. Pour ce faire, il privilégie la pratique du dialogue, entendu comme « un acte de pensée intentionnel […] qui vise la reconnaissance et la compréhension des différents points de vue sur une réalité culturelle » (ministère de l’Éducation, 2024a, p. 5). Ce chapitre vise ainsi à soutenir les personnes enseignantes dans l’animation d’un dialogue sur la démocratisation de l’avion, afin de développer la capacité de réflexion éthique, critique et dialogique des élèves.
Le thème Relations entre humains et environnement est la pierre angulaire des réflexions d’ordre écologique en CCQ à l’école primaire. Comme les élèves du 1er cycle doivent aborder des éléments culturels qui relèvent de leur environnement immédiat, les réflexions éthiques sur la démocratisation du voyage en avion peuvent plus aisément être abordées à partir du 2e cycle, qui s’étend à la communauté et à la région de l’enfant. Le 3e cycle ouvre, quant à lui, à la société québécoise et à ses institutions (ministère de l’Éducation, 2024a). Au 2e cycle du primaire, les élèves développent aussi leur compétence à examiner des points de vue et à pratiquer le dialogue sous forme de narration, d’entrevue, de conversation ou de discussion. Ces deux dernières formes sont les plus à propos dans le cadre de ce chapitre. Le 3e cycle ajoute la possibilité d’animer une délibération ou un débat. Ainsi, le tableau 1 décrit les dimensions du programme de CCQ qui permettent, du 2e au 3e cycle du primaire, de mettre en œuvre un dialogue sur la démocratisation du voyage en avion.
Tableau 1. Ouvertures didactiques du thème général Relations entre humains et environnement vers un dialogue éthique sur le voyage à l’école primaire
| Année scolaire | Sous-thème | Éléments de contenu | Exemples de notions |
| 3e année | Milieux de vie | Relation avec la nature | Cohabitation et interrelations avec la nature |
| Manières d’habiter le territoire | Apprentissages à travers l’observation de la nature | ||
| 4e année | Milieux de vie | Consommation | Fonctions de la consommation (réponse à des besoins fondamentaux et à des désirs, reconnaissance et appartenance à un groupe, etc.) |
| Enjeux environnementaux de la consommation | |||
| Distinguer quand le voyage en avion relève du besoin ou du désir | |||
| Pratiques écologiques | Gestes individuels | ||
| Écocivisme (éthique citoyenne à l’égard de l’environnement) | |||
| 5e année | Transition écologique | Choix collectifs d’avenir | Changements climatiques et décisions collectives |
| Initiatives écologiques locales, régionales et nationales | |||
| Protection du territoire, de la biodiversité et des modes de vie traditionnels | |||
| 6e année | Transition écologique | Rôle des mouvements environnementaux | Diversité des revendications relatives à l’environnement (dont celles des jeunes) |
| Diversité des moyens d’action des mouvements citoyens et des groupes environnementaux |
Le programme de CCQ de l’école secondaire aspire à développer la compétence « réfléchir sur des questions éthiques » des élèves. Cette compétence comprend, au 1er comme au 2e cycle, la capacité à identifier les dimensions éthiques d’une situation, à analyser une diversité de points de vue, à élaborer son propre point de vue et à pratiquer le dialogue. Couvrant toutes ces dimensions, un dialogue éthique sur la démocratisation du voyage en avion comporte une diversité de thèmes généraux pouvant être mobilisés : vie collective et espace public; identités et appartenances; relations et bienveillance; technologies et défis d’avenir; justice et droit; quête de sens et visions du monde; groupes sociaux et rapports de pouvoir (ministère de l’Éducation, 2024b). Le tableau 2 illustre le détail des avenues identifiées dans le programme de 1re, 4e et 5e secondaire.
Tableau 2. Ouvertures didactiques vers un dialogue éthique sur le voyage à l’école secondaire
| Année scolaire | Thème général | Concepts principaux | Concepts particuliers | Exemples de notions |
| 1re secondaire |
Vie collective et espace public | Écoresponsabilité | Écocitoyenneté | |
| Responsabilité environnementale | ||||
| Initiatives écosociales à l’échelle locale et régionale | ||||
| Simplicité volontaire | ||||
| Identités et appartenances | Identité | Dimensions de l’identité | Dimension écologique de l’identité | |
| 4e secondaire |
Relations et bienveillance | Pratiques de bienveillance | Écologisme | Protection de la nature, des animaux et de la biodiversité |
| Pratiques écologiques, notamment en lien avec […] le mode de vie | ||||
| Biorégionalisme | ||||
| Technologies et défis d’avenir | Technologies environnementales | Décroissance | ||
| Capitalisme vert | ||||
| Transition énergétique | ||||
| Justice et droit | Justice | Types de justice | Justice environnementale ou climatique | |
| Justice sociale | ||||
| Institutions juridiques et judiciaires | Code criminel et Code civil |
Droit de l’environnement | ||
| Droit des animaux | ||||
| 5e secondaire |
Groupes sociaux et rapports de pouvoir | Inégalités sociales | Inégalités environnementales | Santé environnementale |
| Lien entre qualité de l’environnement de vie (îlots de chaleur, qualité de l’air, etc.) et inégalités sociales | ||||
| Justice environnementales | ||||
| Justice climatique |
1.2 Ancrages en didactique des sciences et technologies (ST)
Le programme de ST au primaire prescrit, pour sa part, la mobilisation de trois compétences : a) proposer des solutions à des problèmes d’ordre scientifique ou technologique, b) mettre à profit des outils, objets et procédés de science et de la technologie, c) communiquer à l’aide des langages utilisés en science et technologie. Le développement de la compétence 1, principalement visée par l’activité proposée, se traduit par la capacité de l’élève à explorer divers aspects de son environnement, à interroger la nature à l’aide de stratégies d’exploration appropriées, à recueillir des données et à les analyser en vue de proposer une solution pertinente (ministère de l’Éducation, 2001, p. 150).
Le programme propose également d’utiliser une démarche pédagogique qui met de l’avant les repères culturels en ST. Certains des repères proposés portent d’ailleurs sur le rôle des sciences et technologies au sein des activités humaines comme l’impact du transport aérien sur la société et l’environnement. Il peut également s’agir de repères historiques, où l’on s’intéresse à l’évolution scientifique et technologique de l’aviation . Les repères incluent également des questions d’éthique, comme certains résultats discutables ou controversés; ils abordent aussi l’impact de la science et de la technologie sur la manière de vivre des humains, mais aussi sur les autres qu’humains (animaux, plantes, écosystèmes, etc.), où on mentionne la détérioration de l’environnement, la conscience de la nature et la conservation des milieux naturels. Les problématiques écosociales – comme les migrations climatiques, l’impact des évènements météorologiques extrêmes sur les pays les plus vulnérabilisés, l’acidification des océans, le déclin de la biodiversité marine, les effets de la montée des eaux pour la population de pays situés sous le niveau de la mer et la désertification de régions du Sud global – pourraient donc être considérées comme des repères culturels en ST. S’ils ne sont pas toujours abordés ainsi, ils demeurent des problématiques qui permettent de développer la compétence 1 avec les élèves.
De nombreux liens entre les voyages, principalement l’utilisation de l’avion, peuvent être faits avec les savoirs essentiels en ST. Les savoirs sont organisés par domaines : l’Univers matériel, la Terre et l’Espace, l’Univers vivant. Le savoir principalement touché par l’activité que nous proposons est reconnaître l’influence et l’impact des technologies du transport sur le mode de vie et l’environnement des individus. Toutefois, l’activité proposée ici touche aussi à de nombreux autres savoirs, indiqués dans le tableau 3 : la consommation d’énergie, les moyens utilisés pour réduire la consommation d’énergie de l’avion, comprendre l’attraction gravitationnelle et son rôle dans le vol de l’avion, comprendre les forces en jeu. Du côté de la Terre et l’Espace (tableau 4), on peut s’intéresser à l’impact de certains phénomènes naturels sur les vols et les raisons de voyager, comprendre les énergies renouvelables, le rôle des saisons dans l’achalandage et les destinations des vols. Du côté de l’Univers vivant (tableau 5), le concept principal que l’activité permet de travailler est décrire l’impact des activités humaines sur son environnement. Toutefois, des liens sont possibles avec d’autres savoirs, comme les caractéristiques du vivant, ou même leur organisation. Aussi, l’interrelation entre les espèces et le réseau systémique peut notamment être abordée par la chaine alimentaire et la pyramide alimentaire d’un milieu.
Tableau 3. Savoirs de l’Univers matériel de la Progression des apprentissages en sciences et technologies au primaire
| Univers matériel | |||
| Niveau scolaire | Concept unificateur | Catégorie | Énoncé |
| 2e cycle | B. Énergie | 3. Transformation de l’énergie | a. Décrire des situations dans lesquelles les humains consomment de l’énergie |
| b. Nommer des moyens utilisés par l’homme pour limiter sa consommation d’énergie | |||
| C. Forces et mouvements | 5. Caractéristiques d’un mouvement | 1. Décrire les caractéristiques d’un mouvement | |
| 6. Effets d’une force sur la direction d’un objet | b. Identifier des manifestations d’une force | ||
| c. Décrire comment une force agit sur un corps (le mettre en mouvement, modifier son mouvement, l’arrêter) | |||
| d. Décrire l’effet d’une force sur un matériau ou une structure | |||
| D. Systèmes et interactions | 6. Technologies du transport (p. ex., automobile, avion, bateau) | a. Reconnaître l’influence et l’impact des technologies du transport sur le mode de vie et l’environnement des individus | |
| a. Reconnaître l’influence et l’impact des appareils électriques sur le mode de vie et l’environnement des individus (p.ex., téléphone, radio, télévision, ordinateur) | |||
| 3e cycle | C. Forces et mouvements | 3. Attraction gravitationnelle sur un objet | a. Décrire l’effet de l’attraction gravitationnelle sur un objet (p.ex., chute libre) |
| 4. Pression | a. Reconnaître diverses manifestations de la pression (p.ex., ballon gonflable, pression atmosphérique, augmentation de la température) | ||
| 7. Effets combinés de plusieurs forces sur un objet | a. Prévoir l’effet combiné de plusieurs forces sur un objet au repos ou en déplacement rectiligne (p.ex., renforcement, opposition) | ||
Tableau 4. Savoirs de la Terre et l’Espace de la Progression des apprentissages en sciences et technologies au primaire
| La Terre et l’Espace | |||
| Niveau scolaire | Concept unificateur | Catégorie | Énoncé |
| 2e cycle | B. Énergie | 3. Transformation de l’énergie | a. Décrire ce qu’est une énergie renouvelable |
| b. Expliquer que la lumière, l’eau en mouvement et le vent sont des sources d’énergie renouvelables | |||
| c. Décrire des moyens gabriqués par l’humain pour transformer des sources d’énergie renouvelables en électricité (barrage hydroélectrique, éolienne, panneau solaire) | |||
| D. Systèmes et interactions | 6. Systèmes météorologiques et climats | a. Faire un lien entre les conditions météorologiques et les types de nuages présents dans le ciel | |
| 3e cycle | A. Matière | 3. Transformation de la matière | d. Décrire certains phénomènes naturels (p. ex., érosion, foudre, tornade, ouragan) |
| d. Décrire l’impact de certains phénomènes naturels sur l’environnement ou le bien-être des individus | |||
| B. Énergie | 1. Source d’énergie | c. Identifier des sources d’énergie fossiles (p.ex. pétrole, charbon, gaz naturel) | |
| 3. Transformation de l’énergie | d. Expliquer ce qu’est une énergie non renouvelable | ||
| e. Expliquer que les combustibles fossiles sont des sources d’énergie non renouvelables | |||
| D. Systèmes et interactions | 6. Systèmes météorologiques et climats | b. Associer la quantité moyenne de précipitations au climat d’une région ((sec, humide) | |
| c. Associer la température moyenne au climat d’une région (polaire, froid, tempéré, doux, chaud) | |||
Tableau 5. Savoirs de l’Univers vivant de la Progression des apprentissages en sciences et technologies au primaire
| Univers vivant | |||
| Niveau scolaire | Concept unificateur | Catégorie | Énoncé |
| 2e cycle | D. Systèmes et interactions | 3. Interaction entre l’être humain et son milieu | a. Décrire des impacts des activités humaines sur son environnement (p.ex., exploitation des ressources, pollution, gestion des déchets, aménagement du territoire, urbanisation, agriculture) |
| 3e cycle | B. Énergie | 2. Transformation de l’énergie chez les êtres vivants | a. Illustrer une chaine alimentaire simple (3 ou 4 maillons)
b. Décrire une pyramide alimentaire d’un milieu donné |
Les savoirs proposés sont ceux qui entretiennent un lien direct avec l’activité proposée autour de la thématique du transport aérien. Toutefois, si la thématique abordée en classe est celle du voyage de manière plus large, d’autres savoirs essentiels pourraient être ajoutés en CCQ comme en ST.
2. Dimension culturelle du voyage
Les voyages sont source d’apprentissage. L’une des principales motivations qui poussent les gens à voyager est d’ailleurs d’apprendre à connaitre le monde (Lew, 2018). Voyager peut permettre de voir et ressentir la vie sous différents angles (Chau et Ren, 2024), élargissant ainsi la vision du monde de la personne qui voyage. Les contextes authentiques, offerts en particulier par les voyages de loisir et de tourisme, offrent des occasions d’ouverture sur le monde (Conceição et Skibba, 2007). Il demeure toutefois important de ne pas présupposer que l’immersion dans une culture différente conduit automatiquement à une compétence interculturelle (Root et Ngampornchai, 2013). Quoi qu’il en soit, voyager permet généralement de modifier et d’élargir sa conscience. S’immerger dans un endroit différent de chez soi demande de dévier son attention de ce qui est connu et de s’intéresser au nouveau, de former de nouvelles interprétations et de nouveaux liens, tant internes qu’externes, mentaux et sociaux (Small, 2016). Le voyage permet « une exposition naturelle qui peut avoir un impact sur l’identité d’une personne et sur la façon dont elle perçoit sa place sans le monde2 » (Boone et coll., 2013, p. 475 [traduction libre]). Toute personne désirant développer cette compétence se doit d’abord de réfléchir à sa propre culture de manière consciente (Lew, 2018). Avant de pouvoir prendre conscience des aspects culturels d’autres cultures et tenter de les comprendre, il est important d’explorer dans quelle mesure la personne adhère aux normes et valeurs culturelles en place (Macdonald et MacLeod, 2018). Sans ce rapport à notre propre culture et notre propre vision du monde, il est possible de présumer que la culture étant la nôtre constitue une norme implicite (Root et Ngampornchai, 2013), en se basant sur la prémisse que les autres êtres humains ont des expériences conscientes similaires aux nôtres (Lew, 2018).
La mobilité est aujourd’hui largement associée au tourisme et à l’usage de l’avion comme mode de déplacement permettant l’ouverture aux cultures et au monde. Les déplacements en avion, s’ils contribuent à rendre possibles certaines rencontres, sont cependant un moyen de transport onéreux qui est réservé à une minorité de personnes privilégiées sur le plan économique (Amant et coll., 2022; Gössling et Humpe, 2020). Cette notion de rencontre, Mélanie Champoux (2025) la juxtapose à celle d’une culture comme « don » dans le chapitre 1.2 intitulé Vers une pédagogie de la rencontre – Une contribution au réenchantement de nos rapports au monde. Elle y expose une culture non pas comme objet de savoirs à transmettre, mais plutôt comme « don » de nature relationnelle et réciproque (Mauss, 1923-1924/1992; Wall Kimmerer, 2021). Il s’agit donc d’aller à la rencontre de l’autre, humain oui, mais également autre qu’humain. La mobilité, en tant que vecteur de découverte et d’apprentissage, enrichit notre rapport au monde en nous connectant à de nombreux savoirs, qu’ils soient culturels, traditionnels ou ancestraux. Pourtant, cette même mobilité peut menacer l’intégrité de certains lieux : leur fréquentation excessive risque de transformer des sanctuaires en attractions touristiques, dénaturant leur sacralité. Comment concilier alors la mobilité et la préservation de l’intégrité de ces lieux culturels et sacrés? Le défi consiste à adopter une mobilité plus consciente, où la découverte répond aux attentes des communautés qui veillent sur ces sites, pour que la reconnaissance mondiale de leur patrimoine se conjugue avec leur nécessaire préservation.
Nous proposons alors de réfléchir à la question de la citoyenneté dans une perspective de mobilité. Le concept de citoyenneté, notamment à l’ère de l’instantanéité des réseaux sociaux, soulève aujourd’hui des interrogations sur notre rapport au lieu et au temps. Voyager autrement, ou sur de longues périodes, nous invite à repenser notre façon de nous ancrer dans un espace. La citoyenneté nécessite-t-elle une résidence? Que signifie « résider »? Suffit-il de résider à un endroit pour en être citoyen, citoyenne? Pour les individus et les populations se considérant comme nomades, la notion de citoyenneté devient mouvante, redéfinissant l’attachement au territoire. Ce questionnement autour de la citoyenneté nous pousse à réfléchir davantage à ce qu’habiter signifie : être présent·e physiquement ou s’engager socialement et culturellement dans et pour un lieu? Peut-on combiner cette présence avec la mobilité, et être à la fois citoyen·ne et touriste, sans qu’un statut compromette l’autre?
3. Dimension écologique du voyage
Les liens entre notre compréhension du territoire et notre relation au monde naturel sont profonds, et la pensée systémique en offre une clé de lecture essentielle. Elle nous amène à envisager les effets indirects de chaque action, nous poussant à comprendre, par exemple, que les Philippines peuvent crouler sous les déchets produits par la surconsommation du Canada3, ou que les émissions de gaz à effet de serre (GES) des pays riches peuvent causer la fonte de glaciers du Groenland qui inonderont le Bangladesh et les Pays-Bas4. Cette vision systémique exige de lire les dynamiques du monde – les systèmes de pluie, les vents, les courants marins – comme autant de flux interconnectés formant un tissu écologique planétaire. Les territoires ne s’arrêtent pas aux frontières visibles; ils s’étendent au travers de ces liens invisibles, mais réels. En ce sens, une citoyenneté mondiale qui mobilise une pensée systémique ne se substitue pas à l’ancrage local, mais l’approfondit en engageant chacun·e à se reconnaitre responsable de ces réseaux naturels mondiaux. Elle ouvre de nouvelles perspectives de solidarité internationale, mais ne doit pas pour autant déraciner les luttes, les responsabilités et les droits propres aux territoires locaux. Une telle conscience exige de nous une vigilance collective et un engagement pour une justice écologique qui respecte la complexité des écosystèmes et les interdépendances qui connectent chaque lieu, chaque communauté et chaque écosystème. Mettre en œuvre une ACE demande d’apprendre à nous situer comme des êtres écologiques, soit des êtres consciemment reliés au monde (Champoux, 2024). Le voyage est une voie vers cette prise de conscience, une invitation à rencontrer l’autre, à entrer en dialogue, à apprendre à voir, à entendre et à reconnaitre l’autre (Champoux, 2024). Cette prise de conscience de l’autre, en rapport avec le transport aérien, demande aussi de comprendre les nombreux enjeux de justice sociale et écologique. C’est comprendre que la démocratisation de son accès au bénéfice des populations moins fortunées pourrait accroitre les conséquences climatiques et écologiques que subissent déjà de manière disproportionnée ces mêmes populations vulnérabilisées (gouvernement du Canada, 2022; Institution for Economics & Peace, 2024 ).
Si la pensée systémique invite à reconnaitre notre appartenance à un réseau écologique mondial (Ballew et coll., 2019), elle rappelle aussi la nécessité d’ancrer cette conscience planétaire dans des espaces concrets d’apprentissage et d’action (Jenkins, 2021). C’est précisément à ce carrefour entre le mondial et le local que l’école trouve sa pertinence, en tant qu’institution capable de relier les enjeux planétaires aux réalités territoriales et communautaires (Simon et coll., 2023).
4. Le voyage comme objet d’éducation à la citoyenneté écologique et mondiale
L’école, en tant qu’institution ancrée dans un territoire, reste souvent détachée des enjeux locaux, bien qu’elle soit implantée au cœur d’un environnement social, culturel et communautaire (Ben Ayed, 2018). Dans l’actuel contexte postcolonial marqué par l’hypermobilité (Rosa, 2012), de nouvelles formes d’identité émergent et invitent à réfléchir aux enjeux que soulève Haesbaert (2011) autour des processus de reterritorialisation. Ces processus succèdent aux déterritorialisations engendrées par les rapports culturalistes ou économistes à la nature, à l’environnement et à l’Autre, sur lesquels repose l’Occident, le territoire constituant l’un des « fondements ontologiques » de l’être humain (Bédard, 2025). Gruenewald (2003) critique cette forme de déterritorialisation de l’école, plaidant pour une éducation qui valorise l’engagement des élèves dans leur environnement immédiat : la pédagogie critique du lieu. Cette approche repose sur plusieurs aspects complémentaires. L’aspect écologique invite à comprendre et respecter les écosystèmes locaux (Gruenewald, 2003; Sobel, 2004), tandis que l’aspect social et culturel amène les élèves à analyser les rapports de pouvoir et les enjeux communautaires (Gruenewald, 2003; Smith et Sobel, 2010). L’aspect réflexif et critique encourage l’apprentissage par l’expérience, la participation active et la remise en question des normes établies (Chawla et Cushing, 2007; Gruenewald, 2003). Ensemble, ces aspects favorisent un apprentissage critique du lieu, capable de développer un sens profond de responsabilité, d’appartenance et d’engagement envers la communauté. Selon Gruenewald (2003), l’école devrait former des citoyens et citoyennes qui soient non seulement informés, mais aussi impliqués dans les problématiques locales, que ce soit par des projets environnementaux, sociaux ou culturels. Cette approche repose sur l’idée que les élèves, en apprenant à connaitre et à comprendre leur propre milieu, développent un sens de responsabilité et d’appartenance plus profond, les préparant à participer activement à la vie de leur communauté.
4.1 Pouvoir d’agir écocitoyen
De nombreux systèmes éducatifs continuent de privilégier une pédagogie centrée sur des contenus généraux et universels, souvent éloignés des réalités locales (Fägerstam, 2012). Par exemple, peu d’écoles intègrent dans leur curriculum des problématiques environnementales propres à leur région ou des enjeux socioculturels spécifiques aux communautés (Nespor, 2008). Cette distance entre l’école et son milieu contribue à une citoyenneté théorique, plutôt qu’ancrée dans l’expérience du quotidien. Une pédagogie du lieu, en revanche, pourrait renforcer le rôle de l’école dans le tissu social, en encourageant les élèves à devenir des acteurs du changement dans leur propre environnement. Gruenewald (2003) nous invite ainsi à repenser le rôle de l’école, non seulement comme un lieu de savoir, mais comme un lieu d’engagement civique et de responsabilité écologique. La participation citoyenne, qu’elle soit locale ou mondiale, ne peut toutefois s’exprimer pleinement sans développer le sentiment de pouvoir agir. Celui-ci se compose d’abord des libertés de bien-être et d’opportunité, lesquelles réfèrent à l’état de l’individu et aux possibilités dont il croit disposer (Morin et coll., 2019). Puis, il réfère aux libertés de processus et de réalisation qui, elles, se rapportent plutôt aux actions posées par la personne (Morin et coll., 2019).
L’école et la famille, par leur présence auprès de la jeunesse, sont considérées comme les structures sociales les plus à même d’assurer le développement du sentiment de pouvoir agir (Morin et coll., 2019, 2022). Pour y parvenir, l’école doit toutefois s’employer à favoriser l’émergence d’un sentiment de bien-être, d’égalité, de fierté, d’écoute et de soutien chez les élèves (Morin et coll., 2022). Le développement du sentiment de pouvoir agir bénéficie aussi de la mise en œuvre d’un contexte pédagogique où la créativité, la volonté et l’espoir sont mis de l’avant, où la liberté des élèves est véritablement valorisée (Morin et coll., 2022). Ces constats s’avèrent particulièrement pertinents pour inspirer une citoyenneté orientée vers la mise en action collective en réponse aux enjeux écologiques et sociaux contemporains (Morin et coll., 2019, 2022) : implication dans un organisme écologique, création d’un collectif pour la protection d’un milieu naturel, engagement dans un mouvement pour la justice écosociale et la solidarité internationale, etc. L’écocitoyenneté relève de la dimension politique de nos rapports individuels et collectifs à l’environnement. Le terme « politique » renvoie ici aux enjeux d’intérêt public que les membres de la « cité » se doivent de prendre en charge collectivement et démocratiquement (Sauvé, 2017).
Bien que le terme « écocitoyenneté » apparaisse timidement dans le programme de CCQ (ministère de l’Éducation, 2024a, 2024b), nommé en une seule occasion en lien avec l’élément de contenu Mouvements environnementaux du sous-thème de la Transition écologique, ce concept d’agir citoyen, écologique, collectif et politique s’y retrouve comme infusé. De manière similaire, alors que le programme de CCQ semble privilégier le développement d’une citoyenneté à échelle locale plutôt que mondiale, nous souhaitons souligner l’importance, pour développer une écocitoyenneté entière, de prendre en compte des enjeux écosociaux qui se vivent à l’échelle mondiale et qui exigent la mise en œuvre de réseaux de coopération internationale. L’atténuation des problématiques écosociales – comme les migrations climatiques, l’impact des évènements météorologiques extrêmes sur les pays les plus vulnérabilisés, l’acidification des océans et le déclin de la biodiversité marine, les effets de la montée des eaux pour la population de pays situés sous le niveau de la mer et la désertification de régions du Sud global – exige à la fois la mise en œuvre de multiples réseaux de solidarité à l’échelle locale et un engagement collectif transfrontalier.
4.2 Citoyenneté mondiale
L’émergence d’un sentiment d’appartenance à la collectivité mondiale stimule le désir de s’y engager socialement et politiquement en faveur d’une justice sociale et écologique qui traverse les frontières territoriales des États (Anderson et Jhonson, 2024; OXFAM, 2015). Toutefois, le développement d’une citoyenneté locale permet aussi de s’engager de manière accessible envers la résolution de problématiques concrètes, ce qui est favorable au développement du pouvoir-agir. Une citoyenneté réduite uniquement à des considérations locales peinera cependant à saisir la complexité du contexte actuel, marqué par une crise écologique multidimensionnelle dont les ramifications planétaires génèrent des injustices internationales.
Devant cette préoccupation s’impose la notion d’éducation à la citoyenneté mondiale, qui figure notamment parmi les Objectifs de développement durable (UNESCO Institute for Statistics, 2019) et dans l’Agenda 2030 pour l’éducation des Nations unies (Akkari et Radhouane, 2022). Complémentaire à la citoyenneté locale ou nationale, elle s’y additionne plutôt que de s’y opposer (UNESCO, 2024). L’éducation à la citoyenneté mondiale vise alors à développer la conscience des liens d’interdépendance entre êtres humains vivant partout sur la planète, et ce, dans le but de favoriser des mises en action basées sur la solidarité et la justice entre les populations. Pour répondre aux enjeux contemporains qui se rapportent à la crise écologique, à la mondialisation ainsi qu’aux enjeux occasionnés par la déstabilisation des conceptions traditionnelles de l’éducation à la citoyenneté (Dzwonkowska, 2021), elle vise aussi le développement de connaissances sur les défis contemporains, de valeurs généralement humanistes (respect, ouverture, empathie, équité, justice, etc.) et de compétences cognitives et sociales qui permettent d’agir de manière critique (UNESCO, 2024).
Dans une logique d’éducation à la citoyenneté mondiale, les mouvements internationaux pour le climat, comme celui mené par Greta Thunberg (Fridays for Future), constituent de riches exemples de mise en action collective pour l’environnement qui ont permis de développer le sentiment de pouvoir agir et l’écocitoyenneté de la jeunesse (Francesconi et coll., 2021; Kowasch et coll., 2021) en s’ouvrant à une perspective de solidarité mondiale. Ces exemples d’actions écocitoyennes et mondiales peuvent être réinvestis par les personnes enseignantes comme mises en situation pour déclencher un dialogue éthique ou philosophique en classe. Voici un exemple de séquence de questions pouvant être posées dans le cadre d’un tel dialogue sur les manifestations pour la protection du climat :
- Est-ce légitime de manquer des journées d’école pour manifester?
- Est-ce le cas dans tous les contextes? Pourquoi la perspective des parents et celle des enfants divergent-elles parfois?
- La protection du climat est-elle de la responsabilité des enfants?
- Est-ce le rôle de l’école de s’impliquer pour la protection du climat?
Pour réconcilier la volonté d’ancrage territorial (Gruenewald, 2003) avec celle d’ouverture à une citoyenneté et une solidarité qui dépassent les frontières (UNESCO, 2024), la protection d’un milieu naturel au sein de son quartier peut être mise en relation avec l’importance de combattre le déclin de la biodiversité à l’échelle mondiale et les conséquences d’un tel déclin sur le mode de vie des populations du Sud global.
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Activité proposée
Pour contribuer modestement à l’éducation à l’écocitoyenneté et à la citoyenneté mondiale des élèves de niveau primaire et secondaire au Québec, nous proposons une activité pédagogique sur le thème de la démocratisation de l’usage de l’avion. Cette activité mobilise l’approche du dialogue philosophique (voir le chapitre 6.1 du présent ouvrage, par Christophe Point) pour favoriser le développement des habiletés dialogiques et la capacité à déployer une pensée critique et éthique chez les élèves suivant le programme Culture et citoyenneté québécoise.
La mise en œuvre d’un dialogue requiert premièrement de clarifier l’objet et l’intention du dialogue. Cette intention peut comprendre le développement de capacités dialogiques, comme le fait d’appuyer ses idées par des exemples, des définitions et des liens explicites. À compter du 3e cycle, vous pouvez aussi inviter les élèves à formuler des résumés, à donner des contre-exemples et à reformuler des propos (ministère de l’Éducation, 2024a, 2024b). D’autres moyens permettant d’appuyer ses idées sont fournis par le programme de l’école secondaire, comme la nuance et l’analogie dès le 1er cycle et la reconnaissance de présupposés au 2e cycle (ministère de l’Éducation, 2024b). Deuxièmement, dans son rôle de facilitation du dialogue, la personne enseignante doit s’assurer que chaque élève démontre en permanence de la considération, de l’ouverture, du respect, de l’attention et de l’écoute à l’égard des idées d’autrui (ministère de l’Éducation, 2024a, 2024b). Troisièmement, il est primordial de valoriser le processus de recherche et la réflexion éthique et critique plutôt que d’imposer des principes moraux aux élèves (Point, 2024).
La séquence didactique proposée permet d’animer une discussion (échange structuré d’opinions ou d’arguments pour analyser une question), dès le 2e cycle du primaire, ou une délibération (examen réfléchi d’une question sous divers angles pour aboutir à une décision), à partir du 3e cycle du primaire (ministère de l’Éducation, 2024a). Elle se compose d’un déclencheur, d’une activité en deux parties et d’un possible prolongement. D’abord, une illustration des trajets aériens dans le monde vise à déclencher les premières réflexions des élèves. La présentation de statistiques sur la démocratisation de l’avion et ses impacts leur offre ensuite des connaissances communes pour approfondir le dialogue. Puis, une mise en situation sur la limitation des vols en avion ouvre un dialogue collectif plus étendu sur les enjeux écosociaux liés à l’aviation. Enfin, en guise de prolongement de l’activité, nous vous proposons d’organiser un débat sur la limitation des vols.
Chaque section de l’activité s’accompagne de questions permettant de guider le dialogue en classe. La plupart des questions gagnent à être suivies d’un questionnement d’approfondissement sur le pourquoi, afin de mener les élèves à développer leur capacité critique en justifiant leur propos. Bien que nous suggérions un ordre dans lequel poser les questions, nous insistons sur la liberté de réorganiser et d’adapter le matériel au gré de l’animation du dialogue philosophique et de la réaction des personnes apprenantes à celui-ci.
1. Déclencheur: le monde de l’aviation
Je vous invite à observer attentivement cette carte du monde un peu particulière

Séquence de questions éthiques sur les vols en avion
- Que représente cette carte? (Réponse : le trafic aérien dans le monde, en 2008)
- Que nous révèle cette carte? Pourquoi certaines régions du monde sont-elles plus visitées que d’autres?
- Que ne dit pas cette carte? Croyez-vous que la situation ait évolué depuis que la carte a été créée, à la fin de la décennie 2000?
- Que permet l’avion? Ces avantages sont-ils équitablement accessibles?
- En quoi l’industrie aérienne est-elle nocive? Pour qui l’est-elle le plus?
Est-elle principalement bénéfique ou nocive? Pourrait-il en être autrement?
2. Première partie: combien de vols, quels impacts, par qui et pourquoi ?
Que connaissez-vous sur l’industrie de l’aviation dans le monde?
Clarification de l’objet et de l’intention du dialogue. Depuis des décennies, l’accès à l’avion s’est élargi pour la population des pays les plus riches (Gössling et Humpe, 2020; Statista, 2024), comme le Canada. C’est ce qu’on appelle la démocratisation du voyage en avion. Il est toutefois important de regarder attentivement les statistiques à ce sujet pour bien comprendre comment ce phénomène influence les humains, la nature et les autres qu’humains. Nous allons donc réfléchir ensemble à ces implications à partir de certains faits liés à l’industrie mondiale de l’aviation et du tourisme international.
Combien y a-t-il de vols par année dans le monde?
**Dévoiler une diapositive contenant ces statistiques**
- 2004 : 23,8 millions de vols
- 2019 : 38,9 millions de vols
- 2020 : 18,3 millions de vols (début de la pandémie de Covid-19)
- 2024 : 38,7 millions de vols (prévision) (Statista, 2024)
- Est-ce que ces chiffres vous surprennent?
Quels sont les impacts écologiques de l’aviation?
**Dévoiler les diapositives contenant ces statistiques**
- Important à savoir. Les gaz à effet de serre (GES), tels que le dioxyde de carbone (CO2), captent la chaleur dans l’atmosphère terrestre. La hausse des émissions de GES contribue donc aux bouleversements climatiques, ce qui augmente la fréquence et l’intensité des évènements météorologiques extrêmes, comme les feux de forêt, les inondations et les canicules (IPCC, 2023). Les bouleversements climatiques entrainent aussi des impacts sociaux, comme la migration de personnes fortement touchées par ces évènements météorologiques ou par le manque d’eau ou de nourriture (Lindvall, 2021; Tubiana, 2024), que l’on peut qualifier de réfugiées climatiques (UNHCR Belgique et Luxembourg, 2025).
- Le nombre d’escales est une donnée très importante, parce que le décollage d’un avion peut représenter le quart des émissions totales de CO2 d’un court trajet (Gallant, 2022).
- Prendre l’avion est présenté comme l’un des gestes individuels les plus polluants. Un seul vol transatlantique aller-retour émet environ 1,6 tonne de CO2. En comparaison, un Québécois produit en moyenne 9,6 tonnes de CO2 par an (Quirion, 2022).
- Un vol aller-retour de Montréal à Londres émet autant d’émissions de carbone que le chauffage d’une maison européenne pendant toute une année. (Fondation David Suzuki, 2025)
- Si le secteur de l’aviation était un pays, il figurerait parmi les 10 principaux émetteurs mondiaux. Il est responsable de 12 % des émissions liées au transport. (Fondation David Suzuki, 2025)
- L’industrie touristique mondiale est responsable de 8 % des émissions mondiales. C’est plus que le secteur de la construction. (Fondation David Suzuki, 2025)
- Le transport aérien augmente de 5 % par année, mais les gains d’efficacité n’ont augmenté que de 1 à 2 %. (Fondation David Suzuki, 2025)
- Les émissions des compagnies aériennes représentent un peu plus de 3 % des émissions totales au Canada. (Fondation David Suzuki, 2025)
- L’impact carbone total d’un seul vol est si élevé que le fait d’éviter un seul voyage peut correspondre à un voyage sans voiture (à essence) pendant un an. (Fondation David Suzuki, 2025)
- Quels impacts écologiques des GES produits par l’aviation vous semblent les plus graves?
- Quelles sont les conséquences pour l’humain?
- Les humains sont-ils tous égaux devant ces conséquences? Est-ce juste?
- Se peut-il que les personnes vivant dans une certaine région du monde soient plus durement touchées?
- Toutes les personnes vivant dans la même région sont-elles aussi vulnérables devant ces conséquences?
- Peut-on dire que l’humain est dépendant de la nature?
- La nature est-elle dépendante de l’humain?
- L’humain fait-il partie de la nature?
- Les autres qu’humains (animaux et végétaux) subissent-ils aussi ces conséquences, même s’ils n’en sont pas responsables?
- S’agit-il des mêmes conséquences que pour les humains? S’agit-il des mêmes conséquences pour tous les autres qu’humains?
- Qui des humains et des autres qu’humains sont les plus vulnérables?
Qui prend l’avion et pourquoi?
**Dévoiler la diapositive contenant ces statistiques**
- Environ 1 % de la population mondiale est responsable de la moitié des GES émis par l’aviation commerciale et 80 % de la population mondiale n’est jamais montée dans un avion (Amant et coll., 2022; Gössling et Humpe, 2020).
- En 2018, environ 3 % de la population mondiale a pris un vol international (Gössling et Humpe, 2020).
- Depuis le début des années 2000, environ un vol de tourisme international sur deux décolle de l’Europe, une proportion qui s’est accrue de 2019 à 2022 avec la pandémie (Herre et Samborska, 2023).
- Dans la plupart des pays pour lesquels ces données sont accessibles, le ratio de vols pour des motifs professionnels par rapport aux vols pour des motifs personnels est inférieur à 20 %. En Angleterre, ce sont environ cinq vols internationaux sur six qui sont réalisés pour des motifs personnels, alors qu’en Italie, cette proportion atteint 12 sur 13 (Herre et Samborska, 2023).
- En 2023, les vols professionnels ont diminué de 29 % par rapport au niveau prépandémique de 2019, ce qui correspond à 3,9 millions de voyages en moins (New Economics Foundation, 2024).
- Ø Que révèlent ces statistiques sur l’accès à l’avion et sur les usages qui en sont faits? Cet accès vous semble-t-il équitable et responsable?
- Ø Qu’est-ce qui peut justifier un vol international? Est-ce plus légitime de voler pour des motifs personnels (p. ex., pour des vacances ou pour visiter des parents et amis) ou professionnels (p. ex., pour donner une conférence ou rencontrer un collègue de travail)?
Les humains sont-ils tous également responsables des conséquences écologiques et sociales des GES émis par les avions?
3. Deuxième partie: limiter l’accès à l’avion?
Contexte destiné à la personne enseignante. Jean-Marc Jancovici est auteur, membre du Haut Conseil pour le Climat, professeur à l’université Mines ParisTech et associé fondateur du cabinet de conseil Carbone 4, qui accompagne des organisations vers la décarbonation, l’adaptation aux changements climatiques et la restauration de la biodiversité. Il est principalement reconnu pour son expertise relative aux questions d’énergie et de climat. En 2022, lors d’une prise de parole dans le journal Le Parisien, Jancovici soumet à la réflexion une proposition très concrète, qu’il a depuis réitérée : pour réduire les émissions de GES qui contribuent aux changements climatiques, il faudrait imposer un quota de vols en avion (Chausson, 2023). Jancovici est d’avis que les gouvernements pourraient imposer à chaque citoyen et citoyenne un quota de quatre vols (deux allers-retours) par personne dans une vie. Dans un contexte mondial où, outre le ralentissement du trafic aérien occasionné par la pandémie de Covid-19, la tendance pour le nombre de vols annuels est nettement à la hausse depuis le début du 20e siècle (Statista, 2024), la proposition formulée par Jancovici a tôt fait de susciter de vives réactions (Bousenna, 2023) au cœur du débat sensible sur l’accès à l’avion et au voyage comme une forme de droit.
Mise en situation. Jean-Marc Jancovici est expert des questions d’énergie et de climat. En 2022, lors d’une prise de parole dans un journal français, il propose d’imposer un quota de vols en avion pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Jancovici est d’avis que les gouvernements pourraient imposer à chaque citoyen et citoyenne un quota de quatre vols (deux allers-retours) par personne dans une vie. Dans un contexte mondial où le nombre de vols annuels augmente depuis de nombreuses années, la proposition a rapidement suscité de vives réactions. Selon vous, pourquoi est-ce que la proposition d’imposer une limite de quatre vols par personne a tant suscité de réactions?
Séquence de questions éthiques sur les vols en avion
- Les valeurs en jeu
- Quelles sont les valeurs priorisées par cette proposition?
- Avec quelles valeurs cette proposition entre-t-elle en conflit?
- Faudrait-il appliquer un quota universel (qui s’applique à tout le monde) de vols en avion, comme le propose Jean-Marc Jancovici?
- Si oui, à combien de vols?
- Que pensez-vous de la proposition de Jean-Marc Jancovici d’un quota de quatre vols (deux allers-retours) par personne dans une vie?
- Sinon, comment devrions-nous compenser ces émissions de GES?
- Où et comment devrions-nous réduire nos dépenses énergétiques?
- Est-il réaliste d’imposer un quota universel?
- Si oui, à combien de vols?
Si un quota était mis en place
- Devrait-il y avoir des exemptions, des exceptions?
- Si oui, pour qui, ou dans quels contextes?
- Tous les endroits sur Terre devraient-ils être accessibles?
- Sinon, quels sont les endroits qui ne devraient pas être accessibles?
- Est-ce que le motif du vol devrait être pris en compte pour moduler le quota?
- Les vols touristiques?
- Les vols professionnels?
- Le même quota devrait-il s’appliquer aux chefs d’État?
- Ces personnes pourraient-elles réaliser leurs rencontres internationales par visioconférence?
- Les vols pour motifs familiaux?
- Si la famille réside sur un autre continent?
- S’il y a un mariage, une naissance ou un décès dans la famille?
- Les vols humanitaires?
- Pour apporter de la nourriture à des personnes qui vivent une famine?
- Pour aider des personnes sinistrées (p. ex., à la suite d’un ouragan)?
- Faudrait-il taxer davantage certains vols?
- À partir d’un certain nombre de vols?
- Si oui, à partir de combien?
- En fonction de la longueur du trajet?
- Si oui, faudrait-il taxer les vols courts (p. ex., à l’intérieur d’un pays)?
- Si oui, faudrait-il taxer les vols longs (p. ex., les vols intercontinentaux)?
- En fonction du revenu?
- Si oui, à partir de quel revenu?
- En fonction du mode de transport aérien?
- Taxer les vols en « classe affaires » (1reclasse)?
- À partir d’un certain nombre de vols?
Taxer les vols en jet privé?
4. Prolongement: ouvrir au débat
Sous recommandation des personnes étudiantes5 auprès desquelles nous avons mis en œuvre l’activité, nous vous invitons à envisager de prolonger cette séquence didactique par l’organisation d’un débat sur la proposition de Jancovici : cette forme de dialogue est abordée dans le programme de CCQ de l’école secondaire et du 3e cycle du primaire (ministère de l’Éducation, 2024a, 2024b). Comme le développement de compétences citoyennes implique de laisser place à un processus sensible de déconstruction des idées dominantes, nous suggérons d’éviter d’imposer aux élèves un positionnement à défendre (Hansotte, 2021). Vous pourriez plutôt les inviter à constituer des sous-groupes correspondant à leur avis sur la proposition. Ainsi, en cohérence avec leur position, certains sous-groupes développeraient un argumentaire en faveur de la limitation du nombre de vols (p. ex., réduction des impacts écologiques; accès plus égalitaire à l’avion) et d’autres, un argumentaire en sa défaveur (p. ex., frein à la liberté de mobilité; réduction de l’accès culturel que permet l’avion). Enfin, le débat pourra prendre forme dans la confrontation orale, structurée, argumentée (critique), ouverte et respectueuse de ces positions en classe.
Conclusion
Aujourd’hui, tous les endroits de la planète sont plus ou moins accessibles de la même manière, et la grande question qui se pose est la suivante : malgré nos capacités humaines à faire presque n’importe quoi, pouvons-nous faire ce qui pourrait le mieux faciliter une « bonne vie » pour les êtres humains, les autres créatures vivantes et la Terre?
Seamon, 2023, p. 35 (traduction libre)
Voyager, s’ouvrir au monde et découvrir d’autres paysages, coutumes et mœurs demeure une expérience riche de sens. Que ce voyage soit local ou international, il renferme de nombreuses possibilités pédagogiques. Le voyage, particulièrement par transport aérien, constitue toutefois un prisme révélateur des tensions contemporaines entre aspirations individuelles et responsabilités collectives. La proposition de Jancovici relative à l’établissement d’un quota de vols illustre ce dilemme éthique où se côtoient privilège économique, ouverture culturelle, impact écosocial et inégalités planétaires. Nous avons l’intime conviction qu’il s’agit d’un sujet qui mérite qu’on s’y attarde, afin de se conscientiser – soi-même ainsi que les élèves – aux responsabilités que comprend la citoyenneté, locale et mondiale. En guise de conclusion, nous souhaitons vous laisser sur les mots de Seamon (2023) comme voie de réflexion sur le type d’interrelation socioculturelle et écologique vers laquelle nous pourrions tendre collectivement.
Notes de bas de page
3- https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/05/31/les-philippines-renvoient-au-canada-des-tonnes-de-dechets_5469752_3244.html
4- https://fr.statista.com/statistiques/1336345/pays-du-monde-ayant-part-la-plus-importante-de-population-exposee-a-inondation-montee-des-eaux/
5- SNP323 – Didactique des sciences et technologies au primaire,cohorte du baccalauréat en éducation préscolaire et primaire (BEPP), 3e année, UdeS, hiver 2025.
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